Les Landeronnais - Les Ranoilles - Les Croque-morts

Lorsque les villes et les villages gardaient toute leur identité et qu'ils n'étaient pas promis au rôle de cité dortoirs, les noms et sobriquets de leurs habitants sonnaient comme de beaux écus d'or. Ces noms étaient autant de miroirs révélant un défaut, une qualité ou des habitudes. Pour peu que l'on connaisse le pays, ces surnoms étaient toujours parlants, disaient quelque chose, avec une résonance d'autant plus marquée qu'on s'exprimait alors avec l'accent du terroir.

Si les anecdotes expliquant l'origine des sobriquets sont si difficiles à recueillir, c'est qu'elles se sont transmises de bouche à oreille, de chaumière à chaumière, et n'ont pas fait l'objet d'études approfondies.

Railleurs ou flatteurs, les sobriquets collaient aux chausses des habitants. Les localités ne se battaient pas encore à coups d'impôts, la guerre des boutons dépassait le stade du jeu d'enfants et, de clocher à clocher, on se jetait volontiers ces noms à la figure.

Comme le voulait cet esprit de raillerie dans la guerre des surnoms, les habitants des communes de l'est du Littoral étaient affublés de petits noms peu flatteurs. Celui du Landeron, les Ranoilles, fait dans le sobriquet marécageux. Car c'est bien en référence aux marécages et aux eaux stagnantes qui abondaient sur le territoire du Landeron avant les transformations modernes en régime des eaux que les Landeronnais sont encore aujourd'hui appelés les Ranoilles ou les Grenouilles. Le monde des batraciens était en effet très à la mode dans la pratique des surnoms. Quant à l'origine du deuxième surnom des Landeronnais, les Croque-morts, elle reste entièrement mystérieuse ...

 

(Source principale: rubrique Littoral et Vallées, Express, été 2002)